Les yeux fermés, je visualise des images de cette fameuse maison
Acacias. De la pénombre, de la chaleur et de l’ennui dans ma chambre de petite
fille, avant d’accéder à l’école primaire. Tous les jours, à l’heure de la
sieste, Mamy me cloître dans ma chambre jusqu’à ce qu’elle daigne se lever pour
m’ouvrir. Quelle prison, sauf quand le chat me tient compagnie. Je le cache
sous mon lit. Mamy ne peut pas le
repérer, sinon elle le chassera vers l’extérieur, là où nous avons une folle
envie de filer tous deux.
Je ne dors pas. Je m’ennuie souverainement. Je ne sais pas encore lire
ni écrire. J’attends. Pour faire quelque chose, je regarde les mouches voler,
les lézards musarder. J’écoute le vent caresser les feuilles du manguier à
l’angle externe de la salle de douche installée au fond de ma geôle. J’aimerais
mieux grimper dans le manguier et puis sauter sur le toit de la barza.
Une clé s’insère dans la serrure, tourne, et la porte s’ouvre. Je
revis. Le sang reprend sa course dans mes artères, dans mes veines. Je cours
ventre à terre avant que mamy ne me retienne et sans me retourner.
La maison Acacias, c’est bien ! Mais la parcelle qui l’entoure,
limitée par le jardin, les dépôts de marchandises diverses et le poulailler,
c’est mieux ! A moi l’aventure !
Tous les samedis et tous les dimanches, c’est l’heure de la
sacro-sainte sieste. Mais, dès l’âge de six ans, je ne suis plus bouclée dans
ma chambre. Je vais jouer dans l’entrepôt où Papy remise les caisses en bois,
vidées de leurs marchandises. A l’aide des plus grandes, je construis ma
maison. Je démonte les caisses en planches et les ajuste autrement. Je ramène
des outils dénichés dans l’atelier. Les outils sont mes amis, ils m’attendent
bien sagement accrochés aux murs. Au magasin, je dérobe des verrous, des
chevilles, des vis et des écrous, des rondelles et tout le nécessaire pour que
la cabane prenne forme, peu à peu, bien dissimulée derrière d’autres caisses
empilées à dessein, juste aux alentours immédiats. Des morceaux de treillis à
poulailler sont ajustés aux ouvertures que j’ai sciées en guise de fenêtres.
Je balaie le sol, prends les poussières. De la maison des parents, je
déniche des objets de décoration pour mon petit nid à moi. Par exemple, je
découpe des images dans les magazines de Mamy, ce qui m’a valu quelques bonnes
fessées, mais la beauté de mon nid vaut bien une déculottée. Je récolte aussi
un peu de nourriture. Un jour, j’allume même une bougie placée à côté de
bouquets de fleurs fraîchement cueillies au jardin et plongées dans des boîtes
à conserve remplies d’eau. Des vestiges de la confiture Héro dont je visualise encore les étiquettes reprenant les
différents fruits colorés. Par prudence, je surveille la bougie, elle pourrait
déclencher un incendie. Les parents ne doivent à aucun prix découvrir mon
royaume.
Et un royaume est précieux pour une petite fille ! (sourire)
RépondreSupprimerBelle fin de journée, Filo Filo.
Oh que oui ! A tout bientôt, Françoise. Je suis fort absorbée par la création en WP5 d'un site sur la méditation ...
RépondreSupprimerOh oh ! Intéressant ! :-)
SupprimerBelle journée à toi, Filo Filo.