mardi 31 mars 2020

Dimanche 22 mars. Coline Serreau, réalisatrice

Dimanche 22 mars. Coline Serreau, réalisatrice de Trois hommes et un couffin, mais aussi de films
visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme La belle verte ou La crise.

LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L’ENDROIT

Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent
inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier
notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.
Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des
conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter
sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car
nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place. La guerre contre
les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous
renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.
Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et
populaire se manifeste.
En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus
beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des
retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.
Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société
sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui
travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les
chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des
millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.
Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants
agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et
notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.
Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle
son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts
à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs
se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en
maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.
Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve,
que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs
revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce qu'il y a des
peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité,
d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela
de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des
profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.
Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés
financiers. Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la
dette publique, de remettre les compteurs à zéro.
Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens
seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer
les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller
90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.
J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France,
produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les
autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau
chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la
mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.
Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la
fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le
fric.
Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.
Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré
ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les
personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont
en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête
est en train de remettre ses idées à l'endroit.
Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?
Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos
corps ?
Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?
Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous
donnent maintenant des leçons de solidarité ?
Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention,
qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une
médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?
Alors que la seule médecine valable, c’est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains,
qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui
atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que
leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.
En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées
génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et
s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c’est un cercle vicieux
qui ne peut mener qu'à des catastrophes.
Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les
plantes et les animaux martyrisés.
Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un
air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront
leur point faible : leur système respiratoire.
Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la
prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux
populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre
efficacement et à long terme contre les virus.
Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous,
soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes
sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en
achetant moins on devient riches.
Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend
combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la
haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.
On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des
messages qui rivalisent de créativité et d'humour.
Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de
vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.
Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni
un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la
culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions
avec les autres humains.
Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les italiens chantent aux balcons,
on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues
entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude,
c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui
chantent pour juguler la solitude.
C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées
d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre,
mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait
au bas peuple.
En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.
Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au
fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma,
dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des
révisions déchirantes et se réinventer. Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes
complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on
expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes portemanteaux
manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux
vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en
jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et
non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !
Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une
influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !
Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs
proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes,
nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les
prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens
guérissent. Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des
soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le
fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à
ceux qui en ont besoin.
Coline Serreau

dimanche 29 mars 2020

Un bon roman adoucit le confinement

Le confinement, à dire vrai, n'est pas pour me déplaire.  Il permet à une certaine solitude de s'installer.  Une solitude qui n'est pas vécue comme un isolement mais plutôt comme une ouverture vers plus grand que "je" et qui me dépasse.  Une confiance dans l'incertitude qui me rend plus forte et plus sereine.

Quelle aubaine !  La semaine dernière, j'ai lu de Valérie PERRIN, "Les oubliés du dimanche", Le livre de poche, 2015.  L'intrigue se passe dans une maison de repos et la protagoniste est une jeune aide-soignante.  Poésie, humour, fraîcheur y sont à découvrir.  Le style est très particulier.  A découvrir, je n'en dirai pas plus.

Ce roman m'a tellement plu que d'emblée, j'ai commencé son second roman, "Changer l'eau des fleurs", Le livre de poche, 2018.  Ici, l'action se déroule dans un cimetière, et la protagoniste est ... gardienne de cimetière.  Un vrai régal !



Les oubliés du dimanche par Perrin          Changer l'eau des fleurs par Perrin                       


jeudi 26 mars 2020

Aménagements du blog

Hum ...  Pas si simple ...  Dure de la comprenette, il me faudra un certain temps, si pas un temps, oh combien certain, pour arriver à construire ce blog de manière accueillante.
Autrefois, la bureautique me semblait facile, mais maintenant, je peine à trouver les trucs et astuces.

Pardonnez-moi si ce sera sans doute un peu "le bazar" chez Filo Filo, mais je vous promets que je m'appliquerai, avec zèle et obstination.

En attendant, prenez grand soin de vous, Amies et Amis de la blogosphère !


lundi 23 mars 2020

Consigne proposée par Coumarine



 (tableau S. Dali)

Elle est comme nous.
Elle est à sa fenêtre.
Que souhaite-t-elle ?
Que pense-t-elle ?
Comme nous est-elle confinée, prisonnière, recluse ? 
Dites lundi ce que vous pensez à partir de cette toile de Salvador Dali.

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Ce texte m’a été transmis par un couple d’amis naturalistes.  Je vous le transmets.  Ne suis pas capable d’écrire aussi bien, alors, voici :

C'était en mars 2020
Les rues étaient vides, les magasins fermés, les gens ne pouvaient plus sortir.
Mais le printemps ne savait pas, et les fleurs ont commencé à fleurir, le soleil brillait, les oiseaux chantaient, les hirondelles allaient bientôt arriver, le ciel était bleu, le matin arrivait plus tôt.

C'était en mars 2020
Les jeunes devaient étudier en ligne, et trouver des occupations à la maison, les gens ne pouvaient plus faire de shopping, ni aller chez le coiffeur. Bientôt, il n'y aurait plus de place dans les hôpitaux, et les gens continuaient de tomber malades.
Mais le printemps ne savait pas, le temps d'aller au jardin arrivait, l'herbe verdissait.

C'était en mars 2020
Les gens ont été mis en confinement pour protéger les grands-parents, familles et enfants. Plus de réunion, ni repas, de fête en famille. La peur est devenue réelle et les jours se ressemblaient.
Mais le printemps ne savait pas, les pommiers, cerisiers et autres ont fleuri, les feuilles ont poussé.
Les gens ont commencé à lire, jouer en famille, apprendre une langue, chanter sur le balcon en invitant les voisins à faire de même, ils ont appris une nouvelle langue, être solidaires et se sont concentrés sur d'autres valeurs.
Les gens ont réalisé l’importance de la santé, la souffrance, de ce monde qui s'était arrêté, de l’économie qui a dégringolé.
Mais le printemps ne savait pas. Les fleurs ont laissé leur place aux fruits, les oiseaux ont fait leur nid, les hirondelles étaient arrivées.

Puis le jour de la libération est arrivé, les gens l'ont appris à la télé : le virus avait perdu.  Les gens sont descendus dans la rue, chantaient, pleuraient, embrassaient leurs voisins, sans masques, ni gants.
Et c'est là que l'été est arrivé, parce que le printemps ne savait pas. Il a continué à être là malgré tout, malgré le virus, la peur et la mort. Parce que le printemps ne savait pas, il a appris aux gens le pouvoir de la vie.
Voilà, cher océan, ce que je voulais te raconter.

Elle est comme nous, elle pense que COVID-19 passera, comme tout le reste.  L'impermanence.
Cependant, elle souhaite une prise de conscience généralisée, avant que l'amnésie prenne la place du virus et gèle encore la mémoire du passé.

samedi 21 mars 2020

Déjà dans l'enfance ...

Ce midi, pas de chance.  Encore un plat que je déteste par-dessus tout : du boudin noir, du choux rouge et des frites !  Quelle horreur !
 
-          Termine ton assiette.
-         
-          Termine ton assiette !
-         
-          Termine ton assiette !!!  Et si tu ne veux pas, tu iras dans le coin.
-         
Quelques minutes plus tard, « Bonjour le coin ».  Encore une fois.  Tout cela pour du boudin.  Mais je ne peux tout de même pas TOUT manger.  Je n’aime ni le boudin, qu’il soit noir ou blanc, ni les choux, peu importe lesquels : les blancs, les verts, les rouges, les fleurs, les de Bruxelles, et tous les autres que je ne connais pas et que j’espère ne jamais connaître.

Je ne suis qu’une petite fille, moi.  Enfin, pas tout à fait.  J’ai six ans et j’ai déjà fait ma première communion !  Et me voilà de nouveau face aux murs.  Le silence ou à peu près.  Un mur me raconte des histoires que je ne connais pas encore.

Les minutes s’égrènent.  Un petit cancrelat aligne ses six pattes en rythme tout près de moi.  Ses longues antennes palpent les murs, le sol.  Il s’arrête un moment, me regarde, puis reprend son exploration du coin.  Sa maman l’aurait puni, lui aussi ?  Pauvre chéri.  Personne ne vient me chercher.  L’heure sonne.  Personne ne vient.  Une mouchette fait son apparition.  Elle s’est posée sur la manche gauche de ma blouse pour achever un brin de toilette.  Elle me scrute parfois de ses yeux globuleux, si doux, si tendres.  « Allez, courage, je suis avec toi ! ».  Je m’ennuie franchement, maintenant.  Le soleil a disparu.  Il fait sombre et les grillons se préparent à leur chant du soir.  C’est inquiétant …

Ouf, Félix, le cuisinier, vient me délivrer !  Maman m’a oubliée dans le coin.  Encore et encore …  Mais, elle n’en peut rien, Maman.  Elle ne le fait pas exprès.  Elle m’oublie, tout simplement.

Au fil de mes punitions purgées dans le coin, je me familiarise avec les murs et leurs hôtes.  Les lézards de passage, eux aussi, m’inventent des distractions amusantes.  Je leur parle tout bas et ils me répondent.  Des murs, je connais leurs fissures et leurs fragilités par cœur.  Je reconnais chaque trace de moustique écrasé.  Mes genoux proches des plinthes fredonnent parfois des complaintes.  Ils se protègent de leur mieux, blottis l’un contre l’autre.  Le coin entend tout et comprend les chagrins.  Mais parfois, il m’émerveille et me rend ma joie.  Je ne sais pas pourquoi.

À présent, je suis une jeune femme d’une quarantaine d’années.  Une amie me confie son parcours sur le chemin de la méditation.  Elle me prête des bouquins de bouddhisme zen soto.  Ils décrivent ce qu’est la méditation « zazen », pratiquée assise sur un coussin, jambes croisées, dos droit, yeux mi-clos et regard posé au sol face à … un mur !

Contrairement à pas mal d’Occidentaux, je me sens d’emblée très à l’aise dans cette posture.  « Zazen » me convient parfaitement.  C’est curieux tout de même.  Mes compagnons de méditation se plaignent régulièrement d’inconfort, voire de douleurs cuisantes ressenties par leur corps.  Certains sombrent dans une profonde somnolence tandis que d’autres s’emmerdent ferme et se demandent ce que diable ils font là.  Moi, je suis comme un poisson dans l’eau.  Je trouve parfois le temps long mais c’est supportable.  D’où me vient cette faculté ?

Alors que je l’avais oublié depuis belle lurette, je me souviens de mon cher coin, du fameux coin de Kamina, le village qui m’a vu grandir au Congo.  Une bouffée de tendresse, pleine de gratitude, s’envole vers Maman.  Oh, merci Maman, de m’avoir rapprochée si près des murs, de m’avoir expédiée si souvent dans le coin.  Grâce à toi, j’ai été mise « sur la voie » dès mon plus jeune âge, en chemin vers la vie, telle qu’elle est, si déroutante et si belle !  Me voilà équipée pour embrasser la Vie, sous toutes ses facettes.  Quel cadeau merveilleux !