mercredi 15 avril 2020

Des parents venus d’ailleurs


Le coup de foudre ? Non, plutôt un coup de feu, un coup d’envoi. Quasi-voisins, Papy et Mamy se connaissent depuis l’enfance. Cependant, leur passion ne se déclare qu’après la chute d’un obus au début de la seconde guerre mondiale. Par résonance, l’explosion ébranle le cœur de Papy. Il attend un train à Bruxelles afin de rejoindre son domicile en Brabant flamand.

Les jeunes gens se marient en 1943, sobrement. Mamy porte un tailleur cousu-main dans les tons bleu tandis que Papy arbore un costume élégant. Les milieux sociaux dont ils sont issus diffèrent. Les grands-parents maternels sont ouvriers et les grands-parents paternels sont commerçants.  Les premières années de l’union de mes parents se fondent dans le désir dévorant de leurs jeunes corps en demande face à cette sale guerre qui leur a volé une partie de leur jeunesse.

En septembre 1945, Mamy met au monde une petite fille, ma grande sœur Julienne et en 1949, la famille s’envole vers un continent vierge, un pays prometteur : le Congo belge. Papy en a assez de gaspiller ses jeunes années à l’armée : deux ans de service militaire, cinq années de guerre et une année de remobilisation consacrée au déminage de la côte.

Après un bref séjour passé à Elisabethville, en province du Katanga, le couple reprend une quincaillerie dans la ville de Kamina, éloignée d’une bonne vingtaine de kilomètres de la base militaire « BAKA », la base de Kamina. Le bonheur règne après la tourmente.

Qui sont-ils, mes parents ? Quelle mouche les pique et les pousse à verser une coquette somme représentant la caution exigée par la Belgique, qui servira à garantir sans frais leur rapatriement en cas de faillite ou de maladie. Bruxelles n’est pas favorable à une colonie de peuplement. En 1948, sa position devient sensiblement favorable aux éleveurs et agriculteurs seulement. Quel vent de folie les pousse à s’établir malgré tout au Congo belge comme colons ? Je l’ignore. L’hypothèse la plus vraisemblable serait la recherche d’une vie meilleure. A l’issue de la guerre, Papy ne désire plus retrouver son poste d’employé dans une société d’assurances. Il a survécu à la guerre, il a pris part à la résistance et ne se sent plus du tout capable de reprendre une vie de géranium végétant sur une tablette de fenêtre. Il préfère l’aventure.

Le voici :

7 commentaires:

  1. Celui que tu appelles Papy est ton père ou ton grand-père ?
    En tous cas, il a un air décidé.
    Je te suis, Filo Filo, je sens que tu es bien partie ! :-)
    Belle fin de journée.

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  2. Oui, c'est mon papa. C'était un aventurier dans l'âme et je le remercie infiniment pour ma vie passée là-bas, dans un pays fabuleux et qui l'est toujours, à part que les USA puis la Chine ont mis la main dessus pour en puiser un max et laisser le peuple dans la misère, surtout dans la région des grands lacs, frontière avec le Rwanda.
    Oui, j'ai du plaisir à écrire et revoir tout ça et MERCI pour le cadeau que tu me fais : me suivre. Bel après-midi plein soleil !

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  3. je ris en lisant que ton papa n'avait plus envie de mener une "vie de géranium végétant sur une tablette de fenêtre"
    Cst vrai qu'il a un regard déterminé!!!
    je te "suis" aussi chère Filo!

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    1. Coucou, Coumarinette, tu me "suis" aussi ? J'apprécie pleinement ce beau cadeau que tu fais aussi à la petite blog-joggueuse débutante. MERCI ! Je t'embrasse bien fort par écran interposé.

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  4. Et la petite Philomène aux pieds nus de l'autre jour, c'était vous.
    :-)

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    1. Oui, oui, Mme Chapeau, c'est moi. MERCI aussi de venir me lire, c'est tellement motivant !
      Et vous, vous n'êtes plus retournée au Congo après avoir contracté la polio ?
      J'ai cru comprendre dans votre commentaire chez Alainx que vous en avez souffert aussi, ainsi que des séquelles ...

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    2. Mes parents ont estimé préférable de me laisser en Belgique où les soins étaient de meilleure qualité. Eux sont retournés à Kongolo où ils vécurent avec mes deux frères jusqu'en 1960.

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